D’un côté, ils ont permis de mieux comprendre le développement durable. Ils ont transformé un concept mal défini et diversement interprété en une feuille de route pour un monde meilleur, composée de 17 objectifs spécifiques, 169 cibles sous-jacentes et 232 indicateurs approuvés et mesurables.
D’un autre côté, il s’agit d’un programme mondial qui s’applique tout autant aux pays riches qu’aux pays pauvres. Leurs prédécesseurs, les Objectifs du millénaire pour le développement, concernaient surtout les marchés émergents et couvraient beaucoup moins de questions de durabilité. Les ODD appellent l’ensemble de la société à contribuer, qu’il s’agisse des gouvernements, des entreprises privées, des associations, des scientifiques ou de simples particuliers.
« Ensemble, ces caractéristiques ont fait des ODD une référence en matière de durabilité, commente Jan Anton van Zanten », stratégiste ODD chez Robeco. « Ils ont pour but d’améliorer la vie de chaque citoyen, qu’il vive au Swaziland ou en Suisse. Et ils font totalement sens. Si nous poursuivons cette ambition, nous améliorerons le bien-être des populations et probablement aussi les richesses, ce qui sera source de rendement pour les investisseurs.
Les ODD ont suscité un intérêt incroyable. Cinq ans après leur lancement, nous passons à présent à la phase de mise en œuvre. Nous devons veiller à ce que cette dynamique se traduise en résultats. »
Qu’ont donc appris les investisseurs depuis leur adoption le 25 septembre 2015, date anniversaire devenue une journée d’action en faveur des ODD aux Pays-Bas ? Jan Anton van Zanten, qui écrit une thèse de doctorat sur le rôle des entreprises dans la réalisation des ODD, identifie cinq grandes leçons.
Leçon 1 : Les ODD sont une bonne chose pour les entreprises
« Les 17 ODD offrent une occasion sans précédent d’investir dans l’avenir durable des populations et de la planète : investissements dans les infrastructures, le logement, l’alimentation et la médecine, les énergies renouvelables, mais aussi fourniture de financements et d’assurances à ceux qui en ont besoin, ou encore de moyens de réduire les déchets. Selon une estimation, les ODD pourraient générer jusqu’à 12 000 milliards de dollars d’opportunités de marché par an. Ils permettent aussi d’identifier les risques et de les réduire. Ne pas comprendre que la tendance est à la transition vers une économie bas carbone, par exemple, peut constituer un risque réel pour la viabilité d’une entreprise, puisque cette tendance est susceptible de modifier la demande des clients ou la réglementation. »
Leçon 2 : Des progrès ont été réalisés, mais ils sont loin d’être suffisants
« Depuis 2015, certains progrès ont été favorisés par les ODD. Par exemple, le nombre de femmes élues dans les parlements est passé de 19 % à 24 % (ODD 5 : égalité des sexes), 17,5 % de la consommation énergétique finale totale provient à présent de sources renouvelables (ODD 7 : énergie propre et d’un coût abordable), et la part des océans juridiquement protégés a plus que doublé à 17 % (ODD 14 : vie aquatique). Dans le même temps, les problèmes restant à régler sont malheureusement alarmants : la biodiversité diminue à un rythme sans précédent, la planète continue de se réchauffer, les inégalités augmentent et la famine aussi. Sans parler de la pandémie de Covid-19, qui constitue un défi sanitaire inédit aux répercussions économiques dramatiques. Chaque année, il manque toujours entre 2,5 et 3 milliards de dollars de financement pour atteindre les objectifs d’ici 2030. »
Leçon 3 : Les 17 ODD ne sont pas homogènes mais interdépendants
« Les 17 ODD ne sont pas cloisonnés, ils sont interconnectés : par exemple, l’éradication de la pauvreté (ODD 1) donne aux populations les moyens de faire cesser la faim (ODD 2) et améliore de fait leur santé (ODD 3). Mais cette interdépendance est parfois pénalisante. La construction d’infrastructures (ODD 9) se traduit généralement par des émissions de gaz à effet de serre, ce qui complique la lutte contre le changement climatique (ODD 13). L’agriculture contribue à l’ODD 2 (faim zéro), mais elle représente 70 % de la consommation d’eau dans le monde, ce qui pèse sur l’ODD 6 (eau et assainissement), tandis que l’utilisation d’engrais et de pesticides menace la vie terrestre (ODD 15). La seule façon d’atteindre les ODD est de bien gérer ces interactions : les interactions négatives (ou compromis) doivent être évitées, tandis que les interactions positives permettent de faire avancer plusieurs objectifs en même temps, ce qui augmente les impacts et leur portée. »
Leçon 4 : Les ODD ont besoin des investisseurs
« Chez Robeco, nous pensons que les investisseurs peuvent faire la différence, par exemple en allouant les capitaux aux entreprises qui peuvent contribuer à la réalisation des objectifs, en achetant les actions ou les obligations des sociétés qui contribuent à un ou plusieurs ODD, et en évitant de financer celles qui ne le font pas. Nous innovons également pour créer des véhicules d’investissement qui orientent les capitaux vers des solutions telles que nos stratégies Smart Energy, Healthy Living, Sustainable Water, Green Bonds et SDG. L’actionnariat actif est une seconde façon de faire la différence pour les investisseurs. En tant qu’actionnaires actifs, nous pouvons utiliser le vote et l’engagement pour susciter le changement. Le dialogue mené entre Robeco et le fournisseur d’électricité Enel, par exemple, a permis d’élire un administrateur spécialisé dans l’éolien. Cette nomination d’un spécialiste du climat a pour but d’aider Enel à passer des énergies fossiles aux énergies renouvelables et à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. »
Leçon 5 : Il est temps de passer aux résultats concrets
« Investir consiste à injecter des fonds dans une entreprise, mais il est nécessaire d’avoir une vision plus large pour mesurer ce que cet argent permet d’obtenir en matière d’ODD. Alors que nous pouvons quantifier (et que nous quantifions) la valeur de nos investissements qui contribuent de manière positive ou négative aux ODD, nous allons également plus loin en évaluant quel rôle jouent nos investissements dans l’amélioration de la vie des populations et la promotion de la durabilité environnementale. Par exemple, nous avons calculé que pour chaque million d’euros investis dans la stratégie RobecoSAM Sustainable Water, 47 millions de litres d’eau propre sont distribués, ce qui équivaut à la consommation de 430 ménages européens. Ces informations permettent d’identifier les entreprises qui contribuent le plus aux ODD, et ce au moindre coût. »
Relever nos manches
« Énormément de choses ont été réalisées, mais il reste beaucoup à faire », affirme Jan Anton van Zanten. « Concernant l’avenir, la science le dit clairement : la durabilité est la seule voie à suivre. Le Covid-19 illustre parfaitement ce qui se produit lorsque nous n’écoutons pas les mises en garde des scientifiques. Nous devons donc apprendre à gérer ces risques. Dans le même temps, nous recherchons en permanence de futures opportunités d’investissement.
Les ODD constituent une feuille de route mondiale pour justement y parvenir. Ils présentent des opportunités commerciales à long terme dans un monde où les risques commerciaux seraient moins importants si nous relevions ce défi.
Allons donc plus loin et plus rapidement dans la réalisation des ODD. Notre poids financier est très important dans notre secteur, alors profitons-en. Nous avons le choix : nous pouvons investir dans les entreprises qui contribuent à la réalisation de ces besoins tout en générant de l’alpha.
À l’heure où les ODD fêtent leur cinquième anniversaire, une "décennie d’action" a été inaugurée pour veiller à ce que ces objectifs soient atteints dans les dix prochaines années. Relevons nos manches et utilisons ces leçons pour concrétiser tout cela ! »
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