Souvent, nous parlons des émissions de carbone en faisant référence aux équivalents de dioxyde de carbone et pas uniquement au dioxyde de carbone. Mais que signifie le terme « équivalent » concrètement ? Le dioxyde de carbone n’est pas la seule molécule responsable du réchauffement planétaire – beaucoup d’autres molécules génèrent des gaz à effet de serre. Cet article explique comment cet « équivalent » permet de mesurer les impacts de nombreux gaz à effet de serre différents.
Le Protocole de Kyoto (1997) a d’abord identifié six gaz à effet de serre, qui sont présentés dans le tableau ci-dessous. En 2013, le trifluorure d’azote a été le 7ème gaz à effet de serre ajouté sur cette liste officielle. Hormis ces sept gaz, l’ozone et la vapeur d’eau sont aussi des gaz à effet de serre importants. Mais comme l’humanité n’a qu’un impact limité sur leur présence dans l’atmosphère, ils ne sont pas inclus dans le Protocole sur les gaz à effet de serre.
Les gaz à effet de serre indiqués dans le tableau ont tous la capacité d’augmenter la température de la planète, mais leur impact sur la température varie nettement. Pour comparer cet impact, on a créé le score de potentiel de réchauffement global (PRG)1. Le PRG d’un gaz dépend de la quantité de chaleur qu’il peut absorber et de la diminution de sa concentration dans le temps.
Pour analyser cela, je suis la norme du marché en examinant les potentiels de réchauffement sur une période de 100 ans. Généralement, la norme utilisée est le PRG100, comme dans le tableau des sept gaz du Protocole de Kyoto. Le PRG est toujours exprimé par rapport au dioxyde de carbone, dont le PRG est établi à 1. Par exemple, le PRG100 du méthane s’établit à 25. Autrement dit, 1 tonne de méthane a un impact 25 fois plus important sur le réchauffement planétaire que 1 tonne de dioxyde de carbone sur une période de 100 ans. En fait, une fois émis, le méthane est bien plus que 25 fois plus puissant que le CO2, mais sa prévalence dans l’atmosphère diminue beaucoup plus vite que le CO2, qui peut y rester des milliers d’années.
Si vous prenez les quatre gaz très puissants du tableau, le SF6 est en tête de liste puisqu’il est 22 800 fois plus puissant que le CO2. Ces gaz dits « fluorés » sont donc extrêmement puissants, et, en raison de leur utilisation croissante, présentent un risque assez élevé pour le futur réchauffement planétaire. Beaucoup d’études sont réalisées pour trouver des alternatives qui limiteront l’utilisation de ces gaz dans le futur.
La colonne « Part mondiale » indique la contribution des sept gaz du Protocole de Kyoto au réchauffement planétaire. Les émissions de dioxyde de carbone représentent 73 % du réchauffement planétaire causé par l'humanité, contre 24 % pour le méthane et le protoxyde d’azote combinés. Les 3 % restants sont imputables aux quatre gaz fluorés.
Dans son enquête annuelle, le CDP demande aux entreprises de répartir les émissions totales de catégorie 1 déclarées (en tonnes d’éq. CO2) entre les sept gaz du Protocole de Kyoto2. En général, les gaz correspondant à l’éq. CO2 déclaré varient beaucoup selon les entreprises. Certaines ne déclarent que les émissions de CO2, tandis que d’autres incluent les émissions d’autres gaz. Il est donc difficile d’effectuer des comparaisons. Est-ce qu’un équivalent CO2 total plus faible signifie que l’entreprise est plus propre ou tout simplement qu’elle ne déclare pas tous les gaz du Protocole de Kyoto ?
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Notes de bas de page
1Dans cet article, j’utilise encore les PRG du 4ème rapport d’évaluation du GIEC, même si de nouvelles valeurs ont été récemment publiées par le GIEC dans son 6ème rapport. Veuillez noter que les PRG sont difficiles à évaluer et varient à mesure de l’amélioration des méthodes d’estimation.
2Le Carbon Disclosure Project (CDP) est l’organisation qui collecte les données sur les émissions déclarées par les entreprises.