14-08-2024 · Vision

Les planètes s’alignent pour les actions européennes

Depuis la crise financière, les marchés actions européens évoluent dans l’ombre des États-Unis, ce qui laisse les valorisations dans un état de langueur. De grandes entreprises de rayonnement mondial et jouissant d’une solide position concurrentielle sont boudées, ce qui crée une opportunité manifeste pour les investisseurs à long terme.

    Auteurs

  • Oliver Girakhou - Portfolio Manager

    Oliver Girakhou

    Portfolio Manager

  • Carly Brewster - Client Portfolio Manager

    Carly Brewster

    Client Portfolio Manager

L’Europe a démarré 2024 sur les chapeaux de roue, l’indice MSCI Europe a clôturé le mois de juin en hausse de 9,05 %1, à la faveur de bénéfices solides et des attentes de baisses de taux d’intérêt. Le S&P 500 américain a tout de même surperformé l’Europe, grimpant de 19,03 %2 grâce à la domination de la Tech. Les investisseurs mondiaux évaluent leur niveau d’exposition au secteur technologique et cette période pourrait présenter une fenêtre d’opportunités unique pour les actions européennes.

Le monde sous-pondère l’Europe

La décote du ratio C/B du MSCI Eurozone, neutre sur le plan sectoriel, par rapport aux États-Unis (voir Graphique 1) est proche de son paroxysme d’avant la pandémie de Covid-19, s’établissant au même niveau que lors de la bulle Internet, de la crise financière mondiale et de la crise de l’euro, même si le taux de rachats se rapproche de celui des États-Unis et que le rendement des dividendes des entreprises européennes reste deux fois plus élevé que celui des américaines 3. Mesurée par l’indice MSCI ACWI (voir Graphique 2), la pondération des États-Unis dans l’indice, qui comprend 99 % de l’univers d’investissement mondial, était de 62,6 % en mars 2024, contre 49,5 % dix ans plus tôt, et cette variation s’est principalement opérée au détriment de l’Europe. La décote quasiment historique des valorisations par rapport aux États-Unis, conjuguée à la sous-pondération de la région par les investisseurs, constitue une solide base pour les actions européennes.

Graphique 1 : Les valorisations en zone euro évoluent à leurs plus bas niveaux historiques par rapport à celles des États-Unis

Graphique 1 : Les valorisations en zone euro évoluent à leurs plus bas niveaux historiques par rapport à celles des États-Unis

Source : Stratégie Global Equity de J.P.Morgan

Graphique 2 : Pondération géographique MSCI AWCI

Graphique 2 : Pondération géographique MSCI AWCI

Source : MSCI, données au 31 mars 2024

Un modeste retour à la moyenne pourrait entraîner une surperformance relative des valeurs européennes, même si les tendances sous-jacentes du marché restent sous pression à court terme.

La croissance du PIB n’est pas un bon indicateur de la performance des marchés actions

Les prévisions de croissance du PIB de l’Europe pour les années à venir vont toutes dans le même sens ; la croissance sera vraisemblablement inférieure à celle des États-Unis et des marchés émergents. Par exemple, le FMI table sur une croissance de 1,5 % pour la zone euro en 2025, contre 1,9 % pour les États-Unis et 3,2 % pour le reste du monde 4. Les investisseurs en actions devraient-ils en tenir rigueur ? Pas tellement. En effet, les marchés actions ne sont pas fortement corrélés à la croissance économique, l’Europe, en particulier, présentant une corrélation très faible (voir Graphique 3).

Graphique 3 : Corrélation entre le PIB réel et la performance des indices boursiers européens et américains

Graphique 3 : Corrélation entre le PIB réel et la performance des indices boursiers européens et américains

Source : Deutsche Bank, sur la base de données trimestrielles (en glissement annuel) de 2001 à 2023, rendement total.

L’autre grand facteur qui explique pourquoi les actions sont relativement décorrélées des perspectives de croissance est le fait que les meilleures entreprises d’Europe génèrent leurs revenus à l’échelle de la planète. Deutsche Bank évalue à seulement 18 % la part des revenus des sociétés de l'indice allemand DAX 40 générés en Allemagne, contre 22 % aux États-Unis et 15 % en Chine. Globalement, 60 % des revenus des sociétés de l’indice MSCI Europe sont générés en dehors de la zone euro. À l’évidence, cette situation rend certaines questions politiques ou macroéconomiques, comme les relations commerciales entre l’UE et la Chine, très importantes pour certains titres, mais une analyse fondamentale plutôt qu’une perspective « top-down » permet d’en tenir compte. Qui plus est, la diversification géographique des revenus est un atout, et non un inconvénient, pour les investisseurs qui souhaitent s’exposer à la croissance mondiale sans s’exposer à des risques propres à un pays ou à une région.

Les meilleures entreprises d’Europe possèdent des avantages concurrentiels uniques et irremplaçables

Vaste vivier de business models différenciés en Europe

L’Europe abrite une foule d’entreprises dans un éventail de secteurs dont les marques jouissent d’une renommée mondiale. Certaines de ces entreprises possèdent des avantages concurrentiels uniques et irremplaçables qui leur permettent soit de gagner des parts de marché par le biais d’acquisitions génératrices de valeur, soit de se développer sur des marchés affichant un faible taux de pénétration, ce qui augmente la taille de leur marché disponible total (voir Figure 4 ci-dessous). Nombre de ces entreprises sont de grande dimension et continuent de se développer à l’international, alors que d’autres sont des fleurons nationaux qui se concentrent sur un créneau local. La performance annualisée moyenne agrégée du groupe de titres présenté à la Figure 4 a été environ trois fois supérieure à celle du MSCI Europe et environ deux fois supérieure à celle du S&P 500 au cours des deux dernières décennies.

La stratégie Robeco Sustainable European Stars investit de manière réfléchie dans des opportunités émanant d’un éventail de secteurs sans jamais se concentrer exagérément sur un secteur en particulier, aussi populaire soit-il à un moment où tous les indicateurs semblent au vert. Cette stratégie cherche à identifier les entreprises qui affichent une trajectoire de croissance durable plutôt que de se focaliser uniquement sur une croissance « élevée ». L’équipe apprécie particulièrement les business models différenciés résilients, en mesure de performer tout au long d’un cycle économique et capables de tirer profit des périodes de récession économique pour en sortir plus forts, ou pouvant résister aux pressions grâce à leurs assises solides. En outre, l’équipe de Robeco en charge de l’investissement durable facilite l’identification des entreprises dont la direction s’aligne sur des objectifs plus larges par le biais d’incitations, d’une gouvernance d’entreprise et d’une spécialisation produit appropriés. À long terme, les marchés récompensent les business models solides et une croissance durable soutenue sur un cycle complet.

Figure 4 : Différents business models assortis d’exemples

Figure 4 : Différents business models assortis d’exemples

Source : Robeco Schweiz AG. Ces entreprises sont énumérées à titre d’information uniquement et ne relèvent pas nécessairement de la stratégie Robeco Sustainable European Stars. Ceci ne constitue aucune recommandation d’achat, de vente ou de conservation de titres particuliers. Aucune déclaration n’est faite quant au fait que ces exemples sont des recommandations passées ou actuelles, qu’ils devraient être achetés ou vendus, ni quant à savoir s’ils ont été fructueux ou non.

Il est payant de conserver ses investissements tout au long du cycle

Compte tenu de l’incertitude persistante entourant les perspectives économiques de nombreux pays, les acteurs du marché se concentrent sur les éventuelles baisses du marché à court terme. Nous jugeons toutefois cette approche malavisée, qui n’est rien d’autre que du bruit. La véritable valeur apparaît lorsque l’on se penche sur un cycle économique complet. C’est au cours de cette période que certaines des meilleures performances ont été générées.

Le Graphique 5 ci-dessous montre l’évolution du cours d’un titre de la consommation cyclique anonyme, de 2006 à fin 2010. Comme on pouvait s’y attendre, le cours du titre a fortement augmenté jusqu’au zénith du marché haussier, en juin 2007. Le cours du titre a ensuite fondu de 70 % entre cette date et la fin de 2008. Le marché est alimenté par la peur et l’appât du gain, et les fluctuations du cours des actions sont, la plupart du temps, décorrélées de leurs fondamentaux sous-jacents.

Les cours des actions ne reflètent souvent pas les perspectives de chiffre d’affaires et de bénéfices à long terme. Le chiffre d’affaires de l’entreprise en question a presque doublé entre 2006 et 2011, et son bénéfice d’exploitation a quadruplé. Ainsi, à partir des niveaux plancher de 2008, le cours du titre a rebondi de 400 %, le marché ayant pris la pleine mesure de son potentiel structurel de bénéfices à plus long terme. Même entre le paroxysme du marché haussier de juin 2007 et la fin de 2010, ce qui correspond à un horizon à moyen terme de trois ans et demi, le cours du titre a grimpé de 55 %, soit un TCAC de 13 % et ce, après avoir traversé une crise financière et une récession.

Graphique 5 : Le cycle est-il important pour les entreprises en croissance et de haute qualité ?

Graphique 5 : Le cycle est-il important pour les entreprises en croissance et de haute qualité ?

Source : Bloomberg

Ainsi, lorsque nous identifions des opportunités de croissance structurelle, des bilans solides, de bonnes positions de marché, une rentabilité défendable voire en hausse, une génération de liquidités et des valorisations raisonnables, les rendements attendus à terme peuvent encore se révéler attractifs, même dans un contexte marqué par des perspectives économiques incertaines et un risque de chute des marchés.

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La qualité durable surperformera l’ensemble du marché

La stratégie Robeco Sustainable European Stars consiste en un portefeuille axé sur de fortes convictions qui vise à investir dans des sociétés aux business models durables et différenciés dans la perspective d’un cycle complet. Cette définition multidimensionnelle est garante du fait les entreprises se développeront dans un souci de durabilité et de rentabilité tout au long d’un cycle. La stratégie repose sur plusieurs principes clés :

  • Entreprises à rendement élevé : Privilégier les entreprises qui créent constamment de la valeur.

  • Allocation en capital efficiente : S’assurer d’optimiser le réinvestissement de la croissance et les distributions de liquidités.

  • Domination du fossé économique et des niches : Se concentrer sur les entreprises présentant de solides avantages concurrentiels et des actifs uniques.

  • Durabilité des business models : Évaluer la viabilité à long terme et l’adaptabilité des business models.

  • Potentiel de rendement sur un cycle complet : Reconnaître l’importance des rendements tout au long des cycles économiques.


Une approche qui investit dans des entreprises de qualité durable et qui se concentre sur les rendements attendus (valorisation) et les opportunités de risque/rendement intéressantes à long terme par rapport au marché dans son ensemble peut être un outil puissant pour générer des rendements attractifs.

Notes de bas de page

1 Indice MSCI Europe. Tous les chiffres sont en euros. Données à fin juin 2024.
2 Bloomberg, performance totale. Tous les chiffres sont en euros. Données à fin juin 2024.
3 Stratégie Global Equity de J.P.Morgan
4 Base de données des perspectives de l’économie mondiale du FMI, avril 2024.