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13-12-2023 · Débat sur l’investissement durable

Les dilemmes de l’investissement durable : Le « suffisamment bon » est-il suffisant ?

Train ou avion ? Viande ou végan ? Neutralité carbone ou pas encore ? Les investisseurs actifs dans le domaine de l’investissement durable sont souvent confrontés à des dilemmes personnels, ainsi qu’au défi de gérer leur entreprise selon les normes qu’ils attendent des sociétés dans lesquelles ils investissent.

    Auteurs

  • Rachel Whittaker, CFA - Head of SI Research

    Rachel Whittaker, CFA

    Head of SI Research

Résumé

  1. Apporter des changements progressifs aux modes de vie personnels peut faire la différence

  2. Les entreprises sont tiraillées entre les objectifs durables et la compétitivité

  3. Les investisseurs sont face à des compromis complexes lorsqu’ils doivent séparer le bon grain de l’ivraie

Ce n’est pas chose aisée. Tous les spécialistes de l’investissement durable ne sont pas végans, la plupart prennent encore l’avion et achètent des produits de luxe non essentiels. De même, de nombreux gérants d’actifs qui se sont fermement engagés à transférer des capitaux vers des entreprises plus durables et à soutenir les impacts positifs continuent de partir en voyage d’affaires ou de proposer des stratégies d’investissement qui n’intègrent pas de notions de durabilité.

Est-ce une attitude hypocrite ? Dans quelle mesure peut-on raisonnablement attendre des individus et des organisations qu’ils contribuent à la réalisation des objectifs de durabilité ?

Sur un plan personnel :

Le programme des Nations Unies pour l’environnement décrit le mode de vie durable comme « le fait de comprendre l’impact de nos choix de vie sur le monde qui nous entoure et la recherche de moyens permettant à chacun de vivre mieux et plus légèrement ». Nous ne pouvons pas éviter de consommer des ressources naturelles ; nous en avons besoin pour satisfaire nos besoins fondamentaux, à savoir se nourrir, se soigner, se loger et vivre dans la société actuelle.

Nous pouvons toutefois essayer de réduire la charge que nous faisons peser sur la nature en adoptant un régime alimentaire plus axé sur les produits végétaux, en prenant le train au lieu de la voiture ou de l’avion et en réduisant nos déchets personnels. La plupart des personnes s’efforcent d’adopter un comportement plus durable, mais admettent prendre parfois l’avion ou manger de la viande.

Dans un monde parfait, nous devrions tous nous inspirer de Greta Thunberg et éliminer tout ce qui est « mauvais » de notre mode de vie. En réalité, cela peut s’avérer épuisant et risque de compromettre l’objectif à plus long terme. Apporter des changements progressifs et maintenir un mode de vie à faible impact sur le long terme pourraient en fin de compte faire davantage changer les choses.

Au niveau des entreprises :

La façon dont nous nous comportons en tant qu’entreprise peut avoir un impact beaucoup plus important que notre comportement en tant qu’individus. Pour les gérants d’actifs qui se concentrent sur l’investissement durable, c’est également une question de réputation : comment se conformer aux normes que nous attendons de la part des entreprises dans lesquelles nous investissons ?

Chez Robeco, nous prenons cela au sérieux avec, par exemple, un engagement climatique de neutralité carbone qui correspond à nos attentes envers les entreprises de notre portefeuille. Mais pour atteindre l’objectif de transfert de capitaux vers des activités économiques plus durables, nous devons poursuivre nos propres activités, et cela signifie rester compétitifs.

Dans ce cas, jusqu’à quel point les voyages d’affaires sont-ils acceptables pour rester en contact avec nos clients et rencontrer des prospects ? Devrions-nous accepter uniquement des clients qui souhaitent investir de manière durable ? La réponse à ces questions pourrait avoir un impact sur la croissance et la rentabilité futures d’une organisation, voire être existentielle pour certaines entreprises.

Malheureusement, il n’existe pas de bonne réponse universelle. Ce qui fonctionne pour une entreprise, dans une région ou dans un secteur peut ne pas fonctionner pour d’autres.

Au niveau des investisseurs :

nous devons décider dans quoi investir. L’objectif principal d’un gérant d’actifs est de protéger le capital de ses clients – ne pas investir n’est donc pas une option. Cependant, toutes les entreprises – comme tous les individus – consomment des ressources naturelles et laissent une certaine empreinte sur l’environnement.

Il n’existe tout simplement pas d’entreprise totalement durable. L’évaluation du degré d’impact négatif acceptable peut être un jugement de valeur délicat, mais il est absolument nécessaire dans le cadre de l’investissement durable. Dans de rares cas, cela peut être simple : si l’impact des produits d’une entreprise est négatif pour le développement durable, comme c’est le cas pour le secteur du tabac très décrié, aucun impact positif ne sera jugé acceptable pour le contrecarrer.

Mais en général, le compromis est plus complexe. Par exemple, une entreprise de soins de santé qui produit des médicaments vitaux testés sur des animaux a-t-elle un impact positif ou négatif ? Différentes personnes peuvent avoir une opinion différente, et il peut y avoir d’autres questions à prendre en compte pour pouvoir déterminer si une entreprise a causé le moins de dommages possible, ou si elle pourrait encore faire mieux.

Chez Robeco, nous sommes confrontés à ce dilemme lors de l’élaboration de la méthodologie qui sous-tend notre cadre ODD. Nous nous concentrons sur les produits et services offerts par les entreprises pour déterminer les principaux impacts d’une entreprise sur les Objectifs de développement durable. Mais nous nous intéressons également à leur mode de fonctionnement, et parfois à la manière dont ces produits sont utilisés, et les discussions autour de la méthodologie et de la notation suscitent toujours un vaste débat, même entre professionnels bien informés.

Plus de questions que de réponses

Il y a plus de questions que de réponses lorsqu’il s’agit d’évaluer le comportement à adopter dans toutes les situations susmentionnées. En fin de compte, tout est une question de choix éthique. La plupart des cadres décisionnels éthiques exigent d’identifier le problème, d’établir les faits, d’impliquer les parties prenantes et d’envisager les conséquences des différentes actions possibles.

Lorsque des décisions sont prises, le suivi des résultats et la prise en compte des conséquences imprévues sont également essentiels pour atteindre l’objectif souhaité. Qu’il s’agisse d’un individu, d’une organisation ou d’un investisseur, ce type de processus décisionnel peut aider à choisir la marche à suivre la plus appropriée. Plus important encore, il peut justifier des actions et des intentions auprès de clients, d’employés, d’autorités de réglementation ou de soi-même.

Pour avancer de manière constructive, nous devons toutefois aussi admettre qu’il n’existe pas de réponse unique pour tout le monde. Nous mettons fortement l’accent sur la prévention du greenwashing dans le secteur des services financiers, et il semble que ce soit dans la nature humaine de critiquer les individus qui mettent la barre haut et qui parfois échouent.

Pourtant, en fin de compte, la crainte de passer à côté d’objectifs ambitieux ou de ne pas être transparent dans la manière dont les décisions sont prises ne sera probablement pas aussi utile à long terme qu’une collaboration positive et un feed-back qui nous conforte dans la bonne direction.

Débat sur l’investissement durable