Le mois de juin marque le 10ème anniversaire de la signature des Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme, un cadre mondial de conduite des affaires qui met l’accent sur les due diligence afin de détecter les violations des droits de l'homme. Les investisseurs, dont Robeco, adoptent ces principes en tant que schéma directeur des bonnes pratiques dans ce domaine.
Parmi les violations des droits de l'homme médiatisées et persistantes figurent le travail des enfants dans l’exploitation de minerais pour les batteries automobiles, l’esclavage moderne dans les bateaux de pêche et les mauvaises conditions de travail dans le textile qui se sont parfois révélées mortelles.
Robeco engage régulièrement le dialogue avec les entreprises sur leur due diligence sur les droits de l'homme, permettant ainsi aux entreprises d’identifier les abus au sein de leur propres activités comme de leurs chaînes d'approvisionnement, notamment pour les composants ou les matériaux provenant de secteurs à haut risque où les protections juridiques ou réglementaires sont déficientes.
« La due diligence sur les droits de l’homme est un instrument très efficace pour identifier, éviter, atténuer et expliquer la manière dont une entreprise gère les menaces aux personnes les plus graves dans le cadre de leur activité, » indique Mme Essink qui a créé un blog pour le compte du Centre de ressources sur les entreprises et les droits de l'homme afin de commémorer l'anniversaire.
Une approche intégrée
« Les droits de l’homme sont un sujet si vaste que nous avons besoin que les entreprises adoptent une réflexion proactive sur leurs principaux impacts sur les droits de l’homme et les problèmes les plus importants qu’elles doivent résoudre au sein de leur secteur. »
« L’un des principaux problèmes concernent les zones de conflits et les industries à risque élevé telles que le textile et la pêche. Vient ensuite la question de la collecte et de la confidentialité des données par les grandes sociétés technologiques. Toutes ces questions ont des répercussions sur les droits de l’homme. »
« Les Principes directeurs des Nations Unies sont un cadre utilisé très activement par Robeco. Nous engageons régulièrement le dialogue avec les entreprises sur la manière dont elles veillent à préserver les droits de l’homme et à mettre en œuvre ces principes. »
Indicateur sur les droits de l’homme en entreprise (« Corporate Human Rights Benchmark »)
L’efficacité d’un secteur dans ce domaine est suivie par le Corporate Human Rights Benchmark (CHRB), un indicateur qui note les entreprises sur la base de plusieurs facteurs, dont la due diligence. En mars 2020, Robeco comptait parmi l’un des 174 investisseurs internationaux à prendre part à une initiative coordonnée par l’Investor Alliance for Human Rights (IAHR) qui a consisté à écrire aux 95 entreprises qui n’ont obtenu aucun point aux indicateurs de la due diligence dans le classement 2019 du CHRB.
« Même si certaines entreprises ont réalisé des progrès, 79 continuent d’obtenir 0 point dans le cadre de la due diligence sur les droits de l’homme dans le classement 2020 et sont par conséquent incluses dans la liste cible d’engagement de 2021 afin de traiter la question, » souligne Mme Essink, membre du comité consultatif de Robeco pour l’IAHR.
« Près de la moitié des 230 principales entreprises cotées exerçant dans des secteurs à haut risque évaluées sur la base de 5 indicateurs de la due diligence sur les droits de l’homme ont obtenu 0 point dans cette due diligence. Soit un résultat catastrophique. »
Gestion de la chaîne d'approvisionnement
De nombreuses autres entreprises respectables n’ont pas toujours connaissance des abus qui surviennent sur leurs chaînes logistiques longues et souvent complexes, tient à souligner Mme Essink.
« Le problème rencontré avec les bateaux de pêche thaïlandais concernait l'esclavage moderne et le travail forcé pendant des mois durant. Les supermarchés avec lesquels nous avons engagé le dialogue il y a plusieurs années qui s’approvisionnaient en crevettes auprès de ces bateaux n’avaient aucune idée de ces abus sur leurs chaînes logistiques. »
« En réalisant une meilleure due diligence des chaînes logistiques, ils peuvent vérifier l’origine de leur approvisionnement et le respect des normes tout au long de la chaîne logistique. »
Due diligence
Cela se résume à réaliser une due diligence approfondie du siège social jusqu’aux sites sur le terrain et aux usines auxquels font appel les entreprises modernes, souligne Mme Essink. Afin d’améliorer le travail dans ce domaine, Robeco renforcera cette année son engagement auprès des entreprises qui exercent dans des régions à haut risque quant à leur approche dans la conduite de due diligence approfondie.
À noter que la législation renforce également cette approche dans de nombreux pays. À titre d’exemple, le Parlement allemand a voté le 11 juin 2021 la loi sur la due diligence des chaînes logistiques des entreprises ou « Lieferkettensorgfaltspflichtengesetz » qui oblige les entreprises à prendre des mesures pour éviter les violations des droits de l’homme sur leurs chaînes d’approvisionnement.
« Nous sommes d’avis que l’ensemble des acteurs économiques sont tenus de respecter les droits de l’homme et que le processus de due diligence continue sur les droits de l’homme est une obligation essentielle des entreprises et les investisseurs afin qu’elles assument cette responsabilité, » a souligné Mme Essink.
« Ceci est particulièrement vrai dans un monde exposé à des conflits croissants et un espace dévolu à la société civile en diminution. Nous avons besoin d’un nombre plus important d’investisseurs qui s’engagent activement avec les entreprises pour connaître leurs Principes directeurs. Agissons dès maintenant pour changer la donne dans les 10 prochaines années. »