Lors du premier trimestre, la forte hausse des taux d’intérêt des 12 derniers mois et les niveaux d’endettement record ont créé un cocktail explosif qui a provoqué les plus importantes faillites bancaires depuis 2008. Cependant, l’accentuation favorable de la courbe des taux qui a été observée en mars a récemment cédé la place à un fort appétit pour le risque, avec le rebond du marché des actions et des spreads de crédit et un aplatissement défavorable des courbes de taux. Cette réaction du marché semble clairement indiquer que nous entrons de nouveau dans une phase de grande incertitude. Cette situation va-t-elle durer ?
Nous continuons à penser que le risque de récession n’a pas disparu et que la morosité du marché du travail pourrait être le catalyseur d’un changement de sentiment chez les investisseurs. Pour l’instant, les banques centrales semblent avoir besoin de livrer une dernière bataille pour gagner leur guerre contre l’inflation et elles prolongent leurs cycles de resserrement, même si l’inflation globale recule et que la croissance s’affaiblit. Cela nous conforte dans l’idée que le second semestre s’accompagnera d’une baisse des taux, d’une accentuation de la courbe et donc d’opportunités de crédit.
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Un risque de resserrement excessif
Nous pensons que le nouveau durcissement de ton de la Réserve fédérale américaine (Fed), mais aussi de la Banque centrale européenne (BCE), s’inscrit dans une volonté de se prémunir contre l’éventualité d’une inflation plus persistante que prévu. En s’attaquant aux tendances de l’inflation de base en temps réel, les banques centrales semblent accepter le risque d’un resserrement excessif.
Les marchés ont évolué conformément à ce scénario. Le prix du contrat à terme sur les fonds fédéraux pour décembre 2023 en dit long à ce sujet. En mars, à la suite de la faillite de la Silicon Valley Bank, ce contrat a connu une hausse spectaculaire de 170 pb, balayant ainsi l’hypothèse d'un relèvement des taux d'intérêt de la Fed, voire suggérant une réduction d'ici la fin de l'année. Depuis le creux de la mi-mars, le contrat a cédé 140 pb et sa hausse a été pratiquement effacée. Les attentes du marché pour la fin de l’année sont donc revenues aux niveaux où les choses ont commencé à se gâter pour les banques américaines de petite et moyenne taille.