29-05-2024 · Vision

L’Asie avance à pas de géant dans son engagement en faveur de l’investissement climatique

Les investisseurs de la région Asie-Pacifique (APAC) ont ravi à leurs homologues Européens le titre de chef de file dans la lutte contre le réchauffement climatique, selon la quatrième enquête mondiale sur l’investissement climatique de Robeco.

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    Auteurs

  • Lucian Peppelenbos - Stratégiste Climat & Biodiversité

    Lucian Peppelenbos

    Stratégiste Climat & Biodiversité

Le nombre d’investisseurs en APAC pour lesquels le réchauffement climatique est une composante centrale ou importante de leur politique d’investissement s’établit à 79 %, devançant pour la première fois l’Europe (76 %) et dépassant de loin l’Amérique du Nord (35%) où on note un moindre intérêt.

L’enthousiasme est encore plus palpable dans les aspirations à long terme des investisseurs en APAC. Ils sont 87 % à considérer l'investissement climatique comme une priorité dans les deux prochaines années, un pourcentage légèrement inférieur à l’Europe et à ses 89 % d’investisseurs, mais toujours nettement supérieur à celui en Amérique du Nord, où ils ne sont que 56 % à le privilégier.

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Source (pour tous les graphiques) : Enquête mondiale sur l’investissement climatique de Robeco, mai 2024.

« Les grands progrès accomplis par les investisseurs de la région APAC en matière d’investissement climatique sont sous les feux de la rampe cette année », explique Lucian Peppelenbos, spécialiste du climat et de la biodiversité chez Robeco. « Les investisseurs de la région investissent volontiers dans des solutions climatiques et dans la transition climatique, deux domaines jouissant d’une formidable dynamique de marché, malgré l’essoufflement de l’action climatique menée par les dirigeants politiques. »

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Des différences régionales prononcées

C’est la première fois depuis le lancement (il y a quatre ans) de cette enquête réalisée auprès de 300 investisseurs internationaux que l’on constate des différences aussi marquées entre les régions. Cette divergence est en partie le résultat des énormes progrès accomplis en Asie, région du monde la plus émettrice de gaz à effet de serre et où, aux dires de certains, se joue le sort de la lutte contre le réchauffement climatique.

Elle s’explique également par un plus fort sentiment anti-investissement climatique en Amérique du Nord en raison du coût perçu de l’intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les investissements. Ce recul dans la priorité accordée au climat a fait chuter de 71 % à 62 % la moyenne mondiale des investisseurs qui privilégient le climat, même si les prévisions à deux ans indiquent une augmentation à 77 %.

Les engagements en faveur de la neutralité carbone ont également progressé en Asie, 26 % des investisseurs s’étant publiquement engagés à décarboner leurs portefeuilles d’ici à 2050, contre 20 % lors de l’enquête précédente. Les engagements à cet égard sont restés stables en Europe, à 37 %, mais ont encore diminué en Amérique du Nord, où ils ont chuté de 19 % à 13 %.

Le « greenwashing », plus gros problème en Asie

Des différences régionales apparaissent également au niveau de la perception par les investisseurs des principaux obstacles à la mise en œuvre des stratégies de décarbonation. Les défis liés aux données, à la recherche, aux normes de reporting et aux informations se sont atténués depuis 2023, au même titre que ceux liés à l’accès à l’expertise et à la recherche de produits et de stratégies adaptés. Mais le principal sujet de préoccupation au sein de chaque région diffère.

En Asie, 40 % des investisseurs interrogés citent le recours au greenwashing comme la principale menace, suivi du manque de données, de recherches et de notations adéquates en matière d’investissement (40 % également) et de l’absence de normes de reporting et d’informations claires (39 %). Ces trois facteurs négatifs ont été jugés légèrement moins problématiques que l’année dernière.

Cependant, en Amérique du Nord, les considérations de risque et de rendement sont devenues un véritable enjeu, reflet du sentiment anti-ESG croissant, 48 % des sondés citant ce point comme leur principal sujet de préoccupation, contre 40 % en 2023. En Europe, c’est la question des données qui constitue le plus grand défi, bien que les personnes interrogées étaient à 48 % à le citer, contre 56 % l’année dernière. Quant aux craintes liées au greenwashing, elles se sont également atténuées, passant de 49 % à 39 %.

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La moitié des investisseurs calcule ses émissions

Plus de la moitié des investisseurs de la région Asie-Pacifique (52 %) calculent désormais l’empreinte carbone de leurs portefeuilles, grâce aux données d'émissions Scope 1 et Scope 2 (bilan d’émissions), alors qu’ils n’étaient que 45 % à le faire en 2023. Une évolution similaire a été observée au niveau du nombre d’investisseurs qui cherchent à se faire une idée de la trajectoire adoptée par les entreprises en portefeuille et de la façon dont celle-ci s’aligne sur l’Accord de Paris, 45 % des investisseurs en APAC se livrant à cet exercice, contre 35 % en 2023.

L’Asie mène désormais la danse en termes de nombre d’investisseurs qui s’efforcent de mesurer les émissions relevant du Scope 3, qui sont émises tout au long de la chaîne de valeur et sont beaucoup plus difficiles à calculer. Quelque 38 % des entreprises en APAC utilisent les données disponibles, la modélisation et les meilleures estimations à l’heure d’évaluer leurs émissions de Scope 3, une augmentation notable par rapport aux 13 % de l’année dernière. À titre de comparaison, les investisseurs européens ne sont que 34 % à le faire et les Nord-américains, 13 %.

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Notre préférence va aux marchés développés

Cependant, si l’Asie est le nouveau venu sur la scène de l’investissement climatique, les marchés développés restent la destination de prédilection des fonds d’investissement, plutôt que les marchés émergents naissants. Il ressort de l’enquête que 60 % des investisseurs en APAC ont réalisé, via des titres cotés, des investissements directs dans des solutions climatiques ayant atteint le stade de maturité commerciale sur les marchés développés, contre 34 % sur les marchés émergents, une situation pratiquement identique à celle de l’Europe.

L’absence de taxonomies plus développées en matière d’investissement durable en Asie a également influencé les chiffres. Seuls 20 % des investisseurs en APAC ont indiqué avoir adopté une taxonomie durable pour identifier et mesurer les solutions climatiques, contre 44 % en Europe, où le règlement de l’UE sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers (SFDR) et la taxonomie de l’UE ont contribué à la définition de normes.

Domination des actions et progression des obligations vertes

En termes de classes d’actifs, l’investissement dans des stratégies actions actives qui ciblent particulièrement les entreprises engagées sur la voie de la transition reste l’approche privilégiée en APAC comme en Europe, 54 % des entreprises y adhérant. Les obligations vertes ont suscité un intérêt légèrement plus important en Asie (52 %) qu’en Europe (51 %), pareil pour les stratégies obligations axées sur la transition en général (39 % et 37 % respectivement).

Enfin, le recours à l’actionnariat actif par le biais du dialogue actionnarial et du stewardship était également plus populaire en Asie, où 38 % des entreprises ont déclaré avoir encouragé les gérants actions externes à adopter des politiques de vote en faveur du climat, contre 29 % en Europe. Quelque 38 % des investisseurs en APAC ont déclaré avoir conjugué leurs forces à celles d’autres détenteurs d’actifs pour prendre un engagement collectif sur les questions climatiques, contre 30 % en Europe, bien que les capacités internes en matière d’engagement aient été plus faibles en Asie jusqu’à présent.

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