Nombreux sont ceux qui estiment qu’il faut impérativement faire un choix entre investir de manière durable et générer des rendements. Les clients et amis demandent souvent s’il est vraiment possible de concilier les deux. Ce fut également la première question qui m’a été posée lors de ma récente présentation sur l’investissement durable à la Nyenrode Business University, ici aux Pays-Bas. Cette question est posée depuis des décennies, mais l’attention s’est récemment amplifiée à mesure que l’investissement durable atteint sa maturité et que les forces politiques de certains pays (notamment les États-Unis) mettent l’accent sur la contradiction présumée entre l’investissement durable et la réalisation de rendements. De plus, la récente sous-performance des énergies renouvelables et d’autres valeurs liées au développement durable renforce aussi les inquiétudes.
La bonne question
Se demander si l’on veut obtenir de la performance ou investir de manière durable n’est pas la bonne question ; cela crée un faux dilemme. Une performance conforme aux attentes des clients est une condition préalable à tout produit d’investissement. La question la plus appropriée est donc celle qui porte sur les critères de performance ajustée du risque et sur la manière dont le budget de risque du client peut être utilisé pour intégrer les préférences en matière de durabilité.
En se concentrant uniquement sur les rendements financiers, on ne se rend pas compte que de nombreux investisseurs souhaitent aussi réduire les risques et renforcer l’impact positif.
Tout d’abord, il s’agit d’évaluer l’impact financier des questions de durabilité. Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) peuvent présenter des risques et des opportunités pour les entreprises et les pays dans lesquels nous investissons. Il est de notre devoir fiduciaire de comprendre et d’étudier ces aspects dans le cadre du processus d’investissement. De plus, les investisseurs souhaitent de plus en plus aligner leurs portefeuilles sur un impact positif. Nous ne sommes pas ici face à un dilemme, mais plutôt face à un défi d’optimisation : quel est l’objectif de performance d’un investisseur, quel est le niveau de risque qu’il est prêt à prendre et quel est le degré de durabilité que nous devons intégrer ?
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Nous ne sommes pas ici face à un dilemme, mais plutôt face à un défi d’optimisation
L’intégration de la durabilité ajoute de la valeur matérielle
L’intégration des critères ESG est une composante essentielle de notre approche d’investissement, nous ne pouvons pas la supprimer. Nous pratiquons l’intégration des critères ESG parce que cela fait de nous des investisseurs mieux informés. Il s’agit d’une conviction claire en matière d’investissement, dont la matérialité financière est le moteur.
Les critères ESG peuvent agir comme un « signal d’alerte précoce » pour des risques qui ne sont pas encore pris en compte dans la valorisation des actifs. Les tendances en matière de climat et de transition peuvent influencer négativement les rendements futurs des entreprises et conduire à des actifs bloqués. La prise en compte de critères ESG d’importance financière permet des évaluations et des valorisations plus complètes et donc, l’identification précoce d’opportunités d’investissement.
Soutenus par des analystes de recherche spécialisés dans l’investissement durable, les gérants de portefeuille de Robeco intègrent les critères ESG dans leur analyse de portefeuille et leurs prises de décision.
Débat sur l’investissement durable
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Dans les crédits, près de 25 % des cas sont influencés par l’analyse ESG... dans les actions, l’impact est plus marqué
L’intégration des critères ESG est réalisée à chaque étape de notre processus d’investissement, de la création de l’univers à la sélection des titres individuels, et il n’est donc pas facile de déterminer et d’évaluer l’impact exact sur les rendements. Néanmoins, une analyse récente de l’attribution de la performance ESG dans la stratégie Sustainable Global Stars de Robeco a montré que les critères ESG ont contribué positivement à la performance des investissements à plus long terme. Plus spécifiquement, les critères ESG expliquent 23 %, soit environ 90 points de base, de la surperformance annualisée de 384 points de base de la stratégie sur la période 2017-20231.
En outre, des recherches quantitatives internes montrent que certains aspects de la durabilité, tels que la gestion du capital humain et l’utilisation efficace des ressources, renforcent réellement les facteurs de qualité de notre modèle et améliorent l’alpha.
Aligner les portefeuilles avec un impact positif
Pour l’intégration des critères ESG, le point de départ est la matérialité financière. Cela diffère de l’évaluation de l’impact de nos investissements sur la société, où la matérialité de l’impact est le point de départ. Les investisseurs peuvent décider activement d’allouer des capitaux à des entreprises qui ont un impact positif et de les retirer des entreprises qui causent des dommages (significatifs). En outre, le dialogue actionnarial et le vote peuvent entraîner des changements positifs au sein des entreprises investies.
Bien entendu, lorsqu’on utilise la matérialité de l’impact comme approche d’investissement, il est naturel de se demander quel est l’impact des investissements sur la société dans son ensemble. Cette approche permet aux investisseurs de mieux se préparer pour l’avenir. En surveillant les mesures réglementaires, nous prévoyons qu’à l’avenir, les entreprises devront s’attendre à payer pour des externalités négatives telles que les émissions de carbone et la dégradation de la biodiversité, ce qui signifie que ces aspects auront des impacts financièrement importants à l’avenir. Dans ce cas, en tant qu’investisseur, il est essentiel de comprendre les conséquences possibles de ces décisions sur la performance des investissements.
En outre, des recherches internes montrent que nous pouvons allouer activement des capitaux à des entreprises dont les résultats sont positifs, tout en maintenant un profil risque-rendement similaire.
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Des recherches internes montrent que nous pouvons allouer activement des capitaux à des entreprises dont les résultats sont positifs, tout en maintenant un profil risque-rendement similaire
Par exemple, une étude conclut que l’intégration des aspects de durabilité en tant que restriction d’investissement peut donner lieu à des caractéristiques de risque-rendement et à des avantages de diversification similaires à ceux des indices passifs capi-pondérés sur le long terme. Cela signifie que la réduction de l’empreinte carbone et l’intégration des ODD peuvent être mises en œuvre sans compromettre les objectifs financiers des investisseurs2.
En outre, l’équipe de recherche quantitative de Robeco a constaté qu’un portefeuille composé de titres « Value » peut être décarboné sans sacrifier les rendements. En général, les empreintes carbone des portefeuilles sont fortement biaisées. L’empreinte carbone d’un portefeuille peut être réduite de manière significative en se détournant d’un petit groupe d’entreprises les plus émettrices.
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