Ceci fait suite à une tentative du géant pétrolier américain ExxonMobil de traduire deux investisseurs en justice pour avoir demandé à l’entreprise de se fixer des objectifs climatiques plus ambitieux. Le mois dernier, un juge fédéral a débouté l’action en justice, l’estimant inutile après le retrait des propositions sur le climat.
Cette affaire a toutefois suscité des préoccupations quant à la capacité des actionnaires à instaurer des changements dans les entreprises dont ils détiennent une participation, car les investisseurs demandent régulièrement aux entreprises d’agir sur les questions ESG, en particulier alors des assemblées générales annuelles (AGA) des entreprises tenues au printemps.
C’était la première fois qu’une entreprise répondait à une telle demande par une action en justice, créant ainsi un nouveau précédent et mettant les droits des actionnaires sous pression. Toutefois, dans leur ensemble, les entreprises se montrent toujours disposées à entretenir un dialogue avec leurs actionnaires sur les questions liées à la durabilité, notamment le climat.
« Nombre d’entreprises mettent un point d’honneur à entretenir un échange constructif avec leurs actionnaires, en particulier lors de leurs assemblées générales annuelles », déclare Peter van der Werf, responsable Actionnariat actif chez Robeco. « C’est la voie que nous continuerons d’explorer, car entretenir un dialogue est évidemment la meilleure façon d’avancer. »
Pratiques du travail dans le monde de l’après-Covid
L’affaire ExxonMobil fait la une du rapport trimestriel sur les activités de vote et de dialogue actionnarial de l’équipe Actionnariat actif, y compris la saison cruciale du vote par procuration. Trois thèmes de dialogue actionnarial sont mis en vedette, à commencer par « Pratiques du travail dans le monde de l’après-Covid », qui a pris fin. Dans son rapport, Claire Ahlborn envisage l’incidence de ce thème au cours des trois dernières années, maintenant que la pandémie est de l’histoire ancienne.
« La crise a servi d’électrochoc pour un large éventail de secteurs à forte intensité de capital humain. En effet, de nombreux travailleurs de première ligne qui avaient été licenciés se sont montrés réticents à l’idée de renfiler leur blouse tant que les conditions de travail ne s'amélioreront pas, soulignant ainsi l’importance financière de conditions de travail responsables », explique Claire Ahlborn.
« Les distributeurs d’aliments ont consenti de lourds investissements dans le parcours professionnel de leur capital humain, ce qui met en évidence les progrès accomplis (taux de promotion interne et indicateurs de la diversité). De leur côté, les entreprises de livraison de nourriture en ligne ont revu leurs algorithmes de livraison et leurs mécanismes d’incitation afin de privilégier les itinéraires moins risqués et d’allouer plus de temps à la livraison, ce qui a permis de réduire le taux d’accidents de la route ».
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Transition des valeurs financières vers un monde favorable au climat et à la nature
Après trois années de dialogue, la portée de l’engagement avec les institutions financières a été élargie pour inclure la biodiversité, en reconnaissance du fait que les objectifs climatiques ne sauraient être atteints sans protéger et restaurer la nature. Ce thème a été rebaptisé « Transition des valeurs financières vers un monde favorable au climat et à la nature ». Sylvia van Waveren rend compte des progrès accomplis jusqu’à présent.
« Les engagements pris jusqu’à présent font ressortir des disparités régionales frappantes, les banques de l’UE ayant accompli d’importants progrès en matière de fixation d’objectifs climatiques et de financement de plans d’élimination, alors que leurs homologues américaines et asiatiques prennent plus de temps à traduire dans la pratique leurs ambitions climatiques », explique Sylvia van Waveren.
Engagement en faveur des ODD
Entre-temps, les engagements pris au titre du thème Objectifs de développement durable (ODD) ont commencé à avoir des retombées positives après deux années et demie fructueuses. Plutôt que de se contenter de mettre en œuvre les changements demandés, les entreprises commencent à prendre les devants en demandant quels aspects de leurs activités sont sujets à amélioration.
Alexandra Mortimer rend compte de l’évolution de ces interactions, notamment en ce qui concerne l’incidence de ces dialogues actionnariaux sur le terrain et les personnes à qui ils profitent en fin de compte.
« Cette démarche suppose d’adopter une approche en fertilisation croisée, car nos engagements ODD se rapprochent du jalon des trois ans », explique Alexandra Mortimer. « Les entreprises commencent à nous contacter pour recueillir nos impressions, signe que la structure de dialogue actionnarial intensif du thème porte ses fruits. »
Vote par procuration – perspectives du marché
Enfin, le marché japonais a amorcé une transformation en profondeur après la publication de nouvelles orientations par la Bourse de Tokyo concernant l’allocation de capital et les informations sur la durabilité. Ronnie Lim explique comment ces améliorations de la transparence et de la gouvernance liées à l’efficacité du capital portent déjà leurs fruits.
« L’application d’obligations d’information plus rigoureuses se traduit par une amélioration de la transparence des entreprises concernant leurs activités et leurs stratégies, ce qui devrait renforcer la confiance des investisseurs et, au bout du compte, la compétitivité mondiale des entreprises japonaises », explique Ronnie Lim.
« À l’aube du second semestre de 2024, nous avons hâte de sélectionner de nouveaux thèmes de dialogue actionnarial en tirant parti de la collaboration étroite avec nos clients et du soutien solide qu’ils nous apportent. »